Chacun de ces labels cosmétiques a ses propres critères et objectifs. Voici un comparatif entre Natrue, Cosmos, Nature et Progrès, et Slow Cosmétique :
Définissons ce qu'est un label :
Un label est une certification décernée par un organisme privé (toujours en cosmétique) ou gouvernemental (pour les agriculteurs). Il est attribué après vérification que le produit respecte des critères spécifiques et souvent stricts établis par cet organisme consultables dans un cahier des charges pour éviter l'opacité. Ces critères peuvent concerner la qualité, la durabilité, la composition, les pratiques de fabrication, ou d'autres aspects spécifiques en fonction du domaine d'application (alimentation biologique, cosmétiques naturels, etc.). Les labels sont régis par des normes claires et définies, et ils impliquent généralement un processus de certification rigoureux pour obtenir cette reconnaissance. Dans tous les cas notez bien qu'aucun label cosmétique ne détient la vérité, aucun n'est officiel, tous sont privés et à ce titre, ils défendent tous des intérêts commerciaux privés.
J'ai choisi de passer au crible 4 labels connus (normalement) qui totalisent 7 cahiers des charges differents
Natrue : 3 cahiers des charges
Critères :
Natrue est axé sur les produits naturels et biologiques. Il propose trois niveaux de certification : Natural Cosmetics, Natural Cosmetics with Organic Portion, et Organic Cosmetics. Il exige un pourcentage élevé d'ingrédients naturels et biologiques, ainsi que des critères environnementaux et de durabilité.
Avantages :
Il offre une diversité de niveaux de certification pour s'adapter à différents pourcentages d'ingrédients biologiques.
Limites :
Certains critères peuvent être perçus comme moins stricts que d'autres labels. Le contrôle par organisme certificateur tiers privé implique une facturation du service qui peut influencer le résultat du contrôle.
Qui controle les adhérents ?
Le professionnel devra choisir un organisme de certification agréé par Natrue : Natrue ne certifie pas directement les produits, mais travaille avec des organismes de certification indépendants. Vous devrez contacter et engager un de ces organismes de certification agréés par Natrue pour faire évaluer vos produits. Puis par un processus d'audit et de vérification : L'organisme de certification effectuera un audit approfondi pour vérifier que vos produits respectent bien les critères Natrue. Cela peut impliquer des inspections sur site, des examens de documents, des tests d'ingrédients, etc.
Cosmos : 2 cahiers des charges
Critères :
Cosmos est une collaboration entre différents organismes européens de certification biologique. Il propose deux niveaux de certification : Cosmos Organic et Cosmos Natural. Il exige un pourcentage plus ou moins élevé d'ingrédients naturels et biologiques en fonciton des 2 cahiers des charges, ainsi que des critères environnementaux.
Avantages :
Il est reconnu internationalement et offre des critères unifiés pour les produits naturels et biologiques.
Limites :
Les critères Cosmos Natural sont moins rigoureux que Cosmos Organic qui sont pourtant relativement faibles. Ces labels s'adressent plutôt aux entreprises de taille industrielle. Le contrôle par organisme certificateur tiers privé implique une facturation du service qui peut influencer le résultat du contrôle.
Qui controle les adhérents ?
Le label COSMOS (Cosmetic Organic Standard) est certifié par des organismes de certification accrédités et indépendants comme pour le label Natrue. Il peut s'agir d'Ecocert, le plus connu de tous. Ces organismes sont des tierces parties, externes aux fabricants de produits cosmétiques, et ils sont chargés d'évaluer et de contrôler la conformité des produits cosmétiques aux normes COSMOS.
Nature et Progrès : 1 cahier des charges
Critères :
Pas de compromis, un seul cahier des charges restrictif. Nature et Progrès met l'accent sur des normes rigoureuses pour les produits biologiques, naturels et respectueux de l'environnement. Il couvre divers aspects, de la production à l'emballage, et exige un pourcentage élevé d'ingrédients biologiques et il approche des aspect sociaux-économiques et même d'intérêt paysager et naturaliste des fermes contrôlées sur des critères tangibles.
Avantages :
Il a des critères stricts et une approche holistique de la production. Nature et Progrès est le label qui va le plus loin dans sa définition globale d'un produit sain et écologique.
Limites : La certification peut être difficile à obtenir pour de nombreuses entreprises en raison de critères très exigeants. Nature et progrès est une association qui communique peu et qui se met mal en valeur, souvent oubliée des débats, elle est réservée à des consommateurs avertis, même 60 ans après sa création en 1964.
Qui controle les adhérents ?
Les enquêtes sont faites physiquement sur la ferme ou sur le lieux de transformation par SPG (système participatif de garantie) par un consommateur adhérent de l'association et un professionnel. Les enquêteurs changent chaque année. La mention réattribuée chaque année à l'issur d'une COMAC qui est une réunion publique à laquelle tout adhérent peut se joindre pour débattre d'un dossier. En théorie et le cas échéant, chaque année la COMAC demande généralement au professionnel contrôlé de s'améliorer sur un point pour le contrôle de l'année suivante (notion de progrès).
Slow Cosmétique : Pas vraiment de cahier des charges mais 4 piliers fondateurs et un système de notation par étoiles un peu comme le fameux guide Michelin
Critères :
Slow Cosmétique met l'accent sur la qualité des produits, encourageant une consommation plus consciente et responsable. Il ne possède pas de cahier des charges strict, mais distingue les marques pour leur engagement en faveur de la naturalité, de la simplicité, de l'éco-responsabilité et de la transparence. Notez qu'une marque peut très bien se voir attribuer le label, qu'ils présentent plus comme une distinction, sans en faire la publicité : le label devient payant si la marque exploite le logo slow cosmétique sur son packaging.
Avantages :
Elle met en avant une approche plus qualitative et éthique plutôt que des critères stricts de certification. A l'inverse de Nature et progrès, slow cosmétique sait se mettre en avant sur toutes les scènes, elle est beaucoup plus "marketing" que le label Nature et progrès et touche un large public de consommation de masse.
Limites :
Son manque de critères spécifiques peut rendre difficile la comparaison entre les produits. Du bio oui mais quel pourcentage ? On ne sait pas qui sont ses contrôleurs ni au nombre de combien ils sont. Le risque d'être contrôlés "entre soi" permet-il vraiment le recul nécessaire ? même avec des critères les interprétations peuvent être nombreuses.
Qui controle les adhérents ?
Slow Cosmétique fonctionne avec un réseau d'évaluateurs indépendants, appelés des "experts Slow Cosmétique", qui sont chargés d'évaluer les marques et les produits pour l'attribution du label (Distinction pour l'association mais que je nomme label de mon côté car on entend toujours parler par les consommateurs et magasins revendeurs du label slow cosmétique). Ces experts sont des professionnels du secteur cosmétique, des consommateurs engagés ou des spécialistes du domaine de la beauté, choisis pour leurs connaissances approfondies et leur engagement envers les valeurs de Slow Cosmétique.
Ces évaluateurs suivent des critères établis par Slow Cosmétique pour évaluer la conformité des marques et de leurs produits aux normes éthiques, qualitatives et écologiques de l'organisation. C'est plus une forme de notation par un jury d'experts et de consommateurs (qui sont-ils ? Ont-il des compétences particulières pour juger ou bien sont-ils des consommateurs lambda ?)
Le processus d'évaluation peut varier en fonction des produits et des pratiques commerciales de chaque marque. Il comprend généralement une analyse détaillée des ingrédients, de la transparence de la marque, de son engagement envers des pratiques respectueuses de l'environnement et de ses valeurs éthiques globales.
Une fois que l'évaluateur a validé la conformité d'une marque ou d'un produit aux critères de Slow Cosmétique, celle-ci peut obtenir le label (la distinction), signifiant ainsi son engagement envers une cosmétique plus naturelle, respectueuse de l'environnement et éthique.
En résumé
Chaque label présente des avantages et des inconvénients. Nous ne comparerons les pourcentages de catégorie d'ingrédients autorisés et interdits par cahier des charges que dans le second volet de mon article. Nous pouvons pourtant déjà dresser un résumé.
On remarque que Nature et progrès est le seul label à ne proposer qu'un seul cahier des charges, c'est plus simple pour le consommateur et moins trompeur lorsqu'on voit le logo du label on est sûr. Les autres labels font une variation sur le thème. Nature et Progrès développe son propre système depuis les années 60 (SPG pour système participatif de garantie). Dans les faits ça marche puisque je suis attributaire et fière d'avoir ce label depuis 2014, mais on peut se poser la question de la connivence voire du copinage possible entre enquêté et enquêteur, s'il faut chercher un point négatif à ce système de fonctionnement. Cela dit chaque année le binôme enquêteur composé d'un professionnel et d'un consommateur change. j'ai ainsi connu au cours de mes 10 ans d'enquêtes annuels des binômes tantôt amicaux, tantôt tatillons et qui pouvaient pousser l'enquête au delà de ses limites.
On peut noter aussi que pour l'interprétation des cahiers des charges chez les professionnels enquêtés, 2 d'entre eux (Cosmos et Natrue) demandent à des organismes certificateurs extérieurs payant (relation marchande) d'accomplir la mission de contrôle. Ayant vécu des contrôles Ecocert dans des fermes, je pense que les agriculteurs bio comprendront et valideront mon doute sur la qualité des contrôles et la relation dominant / dominé qui peut s'établir avec des contrôleurs un peu dominateurs.
Slow cosmétique contrôle lui même par des personnes choisies par eux, dont on nous dit qu'ils seraient des pro de la cosmétique et des consommateurs qui n'ont qu'à s'inscrire (des influenceuses ?).