Pourquoi je vous propose de soutenir l’œuvre du botaniste Francis Hallé ?
L’association Francis Hallé pour la forêt primaire a pour but de reconstituer une forêt primaire de 70000 Ha en Europe de L’ouest. Cette zone sauvage et naturelle au sens strict du terme c’est-à-dire sans aucune intervention humaine serait localisée idéalement sur une zone transfrontalières avec une portion en France. L’est de la France est ciblée.
Un espace naturel libre, sans l’homme et sa marchandisation croissante.
Une forêt primaire est une forêt qui évolue naturellement sans l’intervention humaine. Il est parfois compliqué pour la majorité d’entre nous d’imaginer une zone naturelle non commerciale parce que nos cerveaux humains sont programmés pour la marchandisation de tout. Les ressources naturelles sont d’ailleurs aujourd’hui l’enjeu de conflits de pouvoir pour s’en approprier l’usage, le marketing, la transformation, la commercialisation donc la marchandisation et les profits énormes pour un petit nombre. Des conflits naissent de ce que ces ressources naturelles se raréfient et c’est bien logique à mesure où nous les accaparons.
La réflexion de Francis Hallé : Son manifeste pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest*
52 pages passionnantes et concrètes, une ode à la forêt primaire et comment faire pour la recréer
On y ressent l’amour de l’auteur pour cet environnement naturel complexe. L’émotion qu’il ressent lorsqu’il y pénètre (avec l’œil du scientifique, pas celui du marchand) dans une telle forêt. La beauté qui se dégage de cette cathédrale naturelle, son parfum, ses sons et toutes les sensations qui lui sont liées. Il décrit dans son ouvrage le sentiment océanique ainsi :
«… Le sentiment océanique, beaucoup moins connu (que le bien être qu’on ressent lors d’une bonne marche en forêt), lié aux arbres et aux forêts, est une déferlante inattendue de poésie et de beauté, qui submerge l’être humain pendant un bref instant, abolissant toute limite entre lui-même et son environnement, en lui donnant accès à la grandiose beauté du monde… »
Il y décrit par exemple ce qu’est une forêt primaire ainsi :
« Une brève description pour commencer la forêt primaire – qualifiée autrefois de forêt ancienne ou de forêt vierge – est une forêt haute dont les arbres les plus âgés atteignent, chacun dans sa propre espèce, des dimensions maximales en hauteur, en diamètre basal de leurs troncs et en étendue de leurs racines. Grâce aux arbres vivants et morts, les sols sont particulièrement fertiles et la diversité biologique est maximale… »
Nos forêts Européennes aujourd’hui
On fustige l’Amérique du sud et principalement le Brésil, principalement sous la Présidence de Bolsonaro, qui continua de détruire la forêt primaire Amazonienne. C’est oublier un peu vite que nous l’avons amorcée en Europe de l’Ouest cette destruction voici plusieurs siècles. Ce n’est pas parce qu’on ne la voit plus qu’elle n’a jamais existé. Sous la pression industrielle du bâtiment, du meuble, du papier et maintenant de la production de pellets de chauffage, xylochimie, biocarburants et la mondialisation… Nous avons détruit nos forêts primaires au point qu’aujourd’hui il n’existe plus que la forêt de Bialowieza en Europe de L’Ouest. Sauvé elle ne l’est pas totalement puisqu’il semble qu’elle soit actuellement en danger d’exploitation par le gouvernement Polonais, bien qu’elle soit classé au patrimoine mondial et réserve de biosphère par l’Unesco. Ses 140000 Ha accueillent une végétation et une faune unique au monde. La Pologne entame des abattages dans la dernière forêt primaire d’Europe – EURACTIV.fr
Pourquoi je m’inscris dans ce projet de renaissance de forêt primaire ?
L’humain est probablement la seule espèce sur terre qui évolue contre ses propres intérêts en tant que groupe, pour des raisons d’individualisme et de marchandisation. Je n’y fais pas exception moi-même et ne cherche pas à m’extraire du problème. En effet, bien que la petite entreprise que j’ai fondée en 2012 se base sur la transformation en cosmétiques d’ingrédients naturels et bio, il n’en demeure pas moins que je pèse sur les ressources. Je participe malgré moi à accroître les besoins fonciers, je crée la rareté, donc la spéculation…
Le cercle vicieux délétère à la nature. Pourtant tout le monde aujourd’hui s’en réclame de cette nature, même les banques, les assurances, les pétroliers, les agences de voyages, les SUV qui permettent de prendre les petits chemins avec des vélos sur la galerie !!! Tous nous font cette promesse de résilience, de légèreté de leurs besoins en matières et émissions grises. Quand on gratte un peu on comprend surtout que de leurs petites initiatives insignifiantes individuelles ont surtout un fort pouvoir marketing. Hélas souvent, aucun effet bénéfique n’en découle. Quelquefois ces promesses sont délétères à l’environnement si on ne se contente pas seulement de regarder le doigt qui montre la lune.
Je veux contribuer à ma mesure à la solution. Mais je ne suis qu’homo Sapiens hélas, avec mes forces et surtout mes faiblesses. Puisque nous disparaîtrons rapidement de notre puissance d’accaparement, je veux encore croire qu’en soutenant des idées de cette ampleur, on avance sinon en faveur de l’humanité, au moins en faveur de la nature. Je donne donc du crédit à l’initiative du projet de forêt primaire parce qu’il est basé sur une autorité scientifique qui ne me semble pas à la solde des industriels. Oui à l’utopie, oui à ce projet ambitieux qui prend sa source de presque 60 ans d’expériences du botaniste Francis Hallé.
Si j’adhère à une société malade, je ne me sens pas en bonne santé mentale.
C’est pourquoi j’adhère à cette utopie. L’utopie est une théorie qui parait destinée à échouer dans sa mise en pratique, souvent uniquement parce que des forces contraires liées à l’argent, à l’accaparement, à l’intérêt individuel sur l’intérêt général, au lobbying… s’y opposent. Je veux croire que le projet de forêt primaire pour l’Europe de l’Ouest puisse avec nous tous, dépasser l’utopie et devenir une réalité parce que c’est notre intérêt général et qu’on ne peut se sentir en bonne santé mentale si on adhère à une société malade.
10 siècles pour recréer la cathédrale naturelle en Europe
Physiologiquement les forêts primaires des zones tropicales se développent plus vite du fait de la croissance permanente de la végétation, opposée à la croissance alternative saisonnière des forêts sous nos latitudes. Mais 10 siècles c’est trop ? C’est beaucoup à l’échelle de nos petites vies d’humains mais c’est court à l’échelle écologique et géologique. La nature a tout son temps, c’est l’humain qui la presse.
Une forêt à perte de vue
Il n’y a pas de forêt primaire en dessous d’une certaine surface. La vraie et la seule forêt primaire s’étend sur des milliers d’hectares sinon rien. Pour que son développement soit optimal, allié avec toutes la biodiversité végétale et animale la forêt primaire doit s’étendre à perte de vue. C’est pour cela que cette surface de 70000 Ha a été retenue. Relativisons 70000 Ha c’est un carrée de 26.5 km de côté. La France métropolitaine représente à elle seule une surface de 65 millions d’Ha et l’Europe 1050 millions d’Ha, c’est donc 0.12 % de la superficie de la France (qui rappelons le, sera répartie sur 2 voire 3 pays limitrophes) et seulement 0.0066 % de la surface de l’Europe.
Je vous incite à vous documenter sur l’association Francis Hallé pour la forêt primaire, à y adhérer, à recevoir leur lettre d’informations… Vous comprendrez par exemple comment répondre aux problèmes des feux de forêt sur une telle période, à comment elle pourra se développer pendant une durée aussi longue, qui en seront les gardiens (humains ?) qui devront s’y succéder durant 50 générations. Quelles seront les limites de l’intervention humaine (sans tronçonneuses ni engins terribles),. Qui la peuplera ? Des loups sans doute, qui dévoreront des sangliers sauvages, des cervidés. Elle sera parcourue par des troupeaux de Bisons peut-être ? Toute la chaîne alimentaire équilibrée et toute une faune du plus petit au plus grand, sans intervention. Surtout pas celle des régulateurs de la nature dont se réclament les chasseurs en grand frac.
*Manifeste pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest – auteur Francis Hallé – Éditions Acte Sud